Retour de Lure


Quelques souvenirs – en vrac – de la session 2011 des Rencontres de Lure : À la marge.
Tout d'abord, une audience importante et attentive : toujours ces générations qui se côtoient et beaucoup de nouvelles têtes. Au fur et à mesure de mes venues, je saisis mieux l'histoire de cette association et commence même à en faire partie... Cette fidélité intellectuelle qui s'inscrit dans le temps est précieuse, d'autant plus qu'à contre-courant du rythme trépidant de nos métiers et sociétés.

Parmi le flot des intervenants, quelques uns qui m'ont particulièrement interpellée :
# Sam Winston, soucieux des formes narratives et triturant la matérialité du texte imprimé, au long d'une présentation éclairée par un discours précis et conscient sur sa pratique
# Eve Netchine, son évocation érudite et savoureuse du peuple des marges de codex manuscrits (entre gloses surgissant du mot et nonnes cueillant le fruit défendu)
# Philippe Millot, à travers un méticuleux voyage parmi des citations et des ouvrages mettant précisément en scène ces citations ; le tout scandé par un phrasé lent et suspendu (j'ai été très émue par le soin apporté à sa présentation)
# François Weil, par la légèreté feinte et la complémentarité image/commentaire
# Annick Lantenois, pour la précision et la lenteur de la diction qui laisse l'esprit de chacun s'approprier les termes choisis (sans image)
# Laurent Vannini, pour le tourbillon historique (l'évocation de la contre-culture américaine des années 60/70 et son influence décisive sur Internet) et la revendication politique
# Tom Henni, et son approche pédagogique du livre : comment l'exposer et expliquer les choix présidant à sa forme ?..

Les termes et thèmes abordés se sont croisés au long de la semaine, plus ou moins fréquemment. Nous avons entendu, discouru et commenté : Imaginaire contemporain, Impermanence, Attraction/inversion/indifférence, Glose, Voir/savoir/avoir, Tag, Valentinage, Imagerie populaire, Nouveaux communalistes, Économie de l'attention...
/ L'importance des mots pour penser le design graphique, le définir et l'installer. Cette discipline peine décidément à s'imposer dans l'imaginaire collectif.

La session s'est conclue sur la question des archives éparpillées de l'association, leur stockage pérenne et la diffusion de leur contenu; mais aussi sur la nécessité de l'apprentissage du langage de programmation par les graphistes afin d'accéder à une autonomie vis à vis des éditeurs de logiciels dominant. Des chantiers ambitieux et vastes, un avenir excitant incluant un réel positionnement politique.
L'année sera intense.



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